Jacques et François Hollande

Jacques et François… Hollande, c’est une rivalité qui s’est transformée en amitié au fil des ans. L’affaire débute en 1981, alors que Chirac, ancien Premier ministre, maire de Paris, chef du RPR, député sortant et François Hollande, jeune auditeur à la Cour des comptes, briguent la 3e circonscription de Corrèze. Chirac nargue son jeune rival : « Le nom de mon adversaire socialiste ? Il est moins connu que le labrador de Mitterrand ». Quelques jours plus tard, il voit débarquer dans une réunion publique à Neuvic un jeune perturbateur. Sommé de se présenter, celui-ci répond : « Je suis François Hollande, celui que vous comparez au labrador de Mitterrand ». Chirac apprécie le courage et l’humour de son adversaire.

Deux qualités qu’il se plaira toujours à lui reconnaître. Les deux hommes se rencontrent régulièrement en Corrèze, dont François Hollande a pris la présidence du conseil général. « Bernadette », conseillère générale de Corrèze, a beaucoup oeuvré pour le rapprochement entre les deux hommes. Sur le terrain politique, tout ne les oppose pas, comme en témoigne le soutien par Hollande de la loi de 2004 contre le port du voile en milieu scolaire. Une fois de plus, Chirac évoquera à ce propos le « courage » de son adversaire politique, qui s’est opposé à son camp et sa famille de pensée sur ce sujet délicat.

François Hollande et Jacques Chirac en 2011

Le 11 Juin 2011, quasiment trente ans, jour pour jour, après leur première rencontre , les deux hommes inauguraient, à Sarran, une exposition consacrée à la collection du collectionneur Peter Kwok, un grand amateur d’art chinois. Ce dernier avait promis à l’ancien président, lors de son récent déplacement en Chine, de mettre à sa disposition ses plus belles oeuvres en bronze et or. Ambiance résolument bon enfant entre le couple Chirac et le président du conseil général… petits fours, déjeuner et discours de circonstance, rien que de très convenu jusqu’à ce que Chirac annonce devant le parterre de journalistes, à propos de son ancien rival : « Maintenant, je peux en parler. Lui c’est l’avenir, parce qu’il va être candidat. Je voterai pour lui, certainement. » Surprise générale, à commencer par le premier intéressé. Et pourtant, tout Chirac est là, spontané et fidèle en amitié.